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À Lau, 

Une semaine de philosophie avec Charles Pépin c'est entrer chaque jour de la semaine dans un nouveau sujet de philosophie. 

Lundi : Réfléchir peut-il nous rendre heureux? 

Ce sujet trouve des éléments de réponse dans un format d'écrit proche de la dissertation. 

L'introduction que propose C.Pépin pose immédiatement l'opposition qu' il y a entre celui dont on dit qu'il se "prend la tête", le penseur, et celui que le langage populaire qualifie "d'imbécile heureux". Une telle distinction appelle à trancher: lequel des deux est le plus heureux? En effet, puisque le sujet proposé par C.Pépin donne à penser l'action de réfléchir et ce, en vue de savoir s'il est compatible avec l'état de l'homme heureux, il nous faut rendre compte de l'homme qui pense. En quoi sa réflexion, qui a priori est une qualité de l'esprit, pourrait éloigner ce penseur d'un moment de satisfaction? Ce que ce dernier a de plus, en effet, c'est une lucidité. Celle-ci permet d'évaluer une chance ou un hasard favorable et de prendre la mesure du chemin qui est le sien, au lieu de profiter simplement pour ne pas dire "bêtement". Cet atout trouve certaines "grâces" parce qu'il rend les situations plus claires et celui qui comprend, trouve un plaisir dans la résolution. Mais C.Pépin met en garde le penseur dans ces petites joies ponctuelles. Certes, le bonheur est tout autre chose et va au-delà de l'instant, "c'est un état durable de complète satisfaction. Aussi, ces pensées récurrentes pourraient finir par devenir pénibles, en s'invitant toujours plus dans des moments heureux. 

C'est précisément dans la première partie de sa dissertation que C.Pépin voit en ces pensées une menace pour le bonheur. Une menace à laquelle l'imbécile heureux ne serait pas confronté. "Penser à son bonheur, c'est déjà en être sorti" dit l'auteur. Ainsi, la réflexion pragmatique, coupe abrège un bon moment et la réflexion métaphysique aborde une idée de mort tout à fait nuisible au bonheur. 

Pour autant, il est nécessaire de savoir se préparer, car ce n'est pas pendant un deuil que nous sommes le plus à même de réfléchir à ce qui nous fait de la peine: "nous avons besoin de réflexion pour reconstruire un bonheur possible". C'est ainsi que l'auteur propose une deuxième partie qui aborde la réflexion comme condition d'un bonheur authentique. 

"Le bonheur est un cadeau du hasard qu'il faut savoir recevoir sans se prendre la tête". Si l'imbécile heureux jouit facilement d'une grâce du destin, d'une chance soudaine, c'est qu'il ne prend pas la mesure, ni l'ampleur de toute la contingence de cette dernière. Épicure est ici convoqué pour que cette prise de conscience d'un bon hasard soit une pensée qui ait le pouvoir de rendre heureux, car après tout, il faut réussir à profiter d'un moment dont on mesure le fait qu'il aurait pu ne jamais advenir. 

En dernier lieu, il faut considérer l'action pour être heureux. Et la réflexion précisément, nous y a préparés. Le fait d'agir moralement est une belle association de la pensée bonne et de sa mise en pratique. Elle nous permet de toujours "réinventer le bonheur", comme l'explique C.Pépin. En réalité "l'imbécile heureux" n'est pas dans un vrai bonheur, car "il dispose d'un éventail plus restreint de façons d'être au monde; sa bêtise rétrécit sa vie". 

Il faut ainsi bien penser et prendre la mesure de toute chose pour agir moralement et se rapprocher d'une vérité. Pour autant, il semble plus agréable de penser efficacement, correctement la vie, pour traiter ce qui nous vient à l'esprit. Ainsi moins envahis par les angoisses, nous sommes plus disposés à vivre en harmonie avec le temps présent, parce que la réflexion nous aide à recueillir les aléas inévitables de la vie, sinon sa fin. 

Tag(s) : #philosophie
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