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Charlotte

Charlotte. Un livre de David Foenkinos.

A Lau, Porte d'Auteuil, Paris.

L'auteur raconte la vie de Charlotte. Le récit est entrecoupé de la voix narrative de l'auteur qui dévoile Charlotte "Charlotte oublie le reste du monde" p110, et de sa voix d'enquêteur, qui explique comment lui-même retrouve les amis, les lieux et les souvenirs de Charlotte. Ici, l'étymologie de l'histoire, du grec historia qui est la connaissance acquise par l'enquête, prend tout son sens. On renoue avec le passé de Charlotte. Le récit nous enveloppe, et nous sommes comme dans la chair de Charlotte. On ressent intensément ce qu'elle a pu éprouver. Sa vie jusqu'au bout est passion. On bascule sans cesse entre la pulsion de vie et le morbide, avec toujours au milieu... L'art. Sans dire la fin, on peut révéler que l'on a peur pour elle comme on aurait pour les siens ou pour soi-même. Je me souviens avoir tourné les dernières pages avec le coeur qui battait. On ressent le poids de l'Histoire. Et proprement, l'histoire de Charlotte est véritablement cette petite histoire qui fait la grande.

On comprend pourquoi Charlotte est le titre de ce livre. C'est une histoire d'obsession. Avant d'être celle de l'auteur, Charlotte est l'obsession de la mère de cette dernière dont la soeur, morte après un suicide, s'appelait ainsi. Oui, et l'histoire de Charlotte débute presque déjà pervertie par la pulsion de mort, pulsion qui rythme l'histoire familiale.

--> Personnellement, cette pulsion de mort, cette envie irrésistible du suicide me fait penser à la fêlure du roman de Zola. Cette fêlure qui est cette espèce de fil rouge destructeur des Rougons macquart. On peut lire dans la Bête Humaine combien Lantier affronte cette fêlure, s'en prémunit mais sans y parvenir; La fêlure c'est la promesse du gêne. Zola avait choisi l'alcool, ou la folie. Ici, la fêlure de la famille de Charlotte, c'est la mort par le suicide!

Charlotte en réchappera-t-elle? Il m'est arrivé, au cours du récit, d'avoir peur pour elle... "Son chagrin se transforme en pulsion morbide..."

J'ai aimé certaines phrases, révélatrices d'une époque particulière.

"Alfred, lui, ne leur ressemble pas. C'est un homme qui sort de nulle part. On ne dirait pas qu'il respire en 1938". p108

" Elle laisse son grand-père et se place dans la file des femmes. Parmi elles, il y a Hannah Arendt".

Une phrase qui laisse à penser: " l'hégémonie totale du maintenant" p116 ou encore p 125 "cela confère à la réalité l'improbabilité du rêve."

J'ai aimé ce qu'Alfred chuchotait à l'oreille de Charlotte avant le départ pour la France "Puisses-tu ne jamais oublier que je crois en toi".

Sans dire la fin, ce qui m'a bouleversée était la réaction du personnage Alfred qui reçoit des nouvelles longtemps après leur séparation. Le contexte est fou. Le contexte de la fin, vraiment, est fou. Renversant. C'est ce que je ne peux pas dire, pour ceux qui aimeraient le lire. Et je repense à charlotte qui confie ses oeuvres in extremis à un ami, en disant "C'est toute ma vie".

Après cette oeuvre, on veut se dépêcher de voir à nouveau ou de découvrir "La Nuit" de Michel-Ange p110 ou en encore "La Jeune Fille et la Mort" de Schubert.

Selon l'auteur:

" Une de ses phrases qui aurait pu être en exergue de l'oeuvre de Charlotte: La véritable mesure de la vie est le souvenir"

D.T

Tag(s) : #Litterature
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